Qui craint le grand méchant FN ?

Publié le par Claude Séné

 

Lors de son récent déplacement en Italie, Manuel Valls a dramatisé la situation en se disant inquiet d'être dans un pays au bord de la prise du pouvoir par l’extrême droite, avant de nuancer quelque peu ses propos. Il s'appuyait sur un sondage qui plaçait Marine Le Pen en tête des intentions de vote si l'élection présidentielle avait lieu immédiatement. La perspective a de quoi frapper les esprits en rappelant de fâcheux souvenirs et le traumatisme du 21 avril 2002. Il convient toutefois de relativiser ces chiffres inquiétants. Certes il est préoccupant de constater que 22 % environ des électeurs qui votent effectivement se prononceraient pour la présidente du Front National, mais ce score s'explique par la mobilisation importante de son électorat, comparée à celle de ses concurrents.

 

En pratique, les chances de Marine Le Pen d'être élue au 2e tour sont nulles : son adversaire, quel qu'il soit, rassemblerait une confortable majorité, comme Chirac à son époque. Il en va de même pour les élections législatives tant que le mode de scrutin sera majoritaire à deux tours, à moins d'un bouleversement majeur dans le paysage politique français. Ce qui ne veut pas dire que le FN ne dispose pas d'un pouvoir de nuisance important. Les partis dits de gouvernement se doivent d'en tirer les conséquences en vue des présidentielles. Les deux camps traditionnels sont obligés de réaliser une large union, s'ils veulent qualifier leurs poulains pour le 2e tour et reléguer la candidate FN à la troisième place. Pour le PS, que ce soit le président sortant ou un autre candidat, la seule chance de devancer le FN est d'obtenir de ses alliés traditionnels une candidature commune, quel que soit le prix à payer pour les concessions qu'ils ne manqueront pas de réclamer. Le problème est sensiblement le même pour la droite, qui devra ouvrir ses primaires au centre pour ne pas risquer une division fatale, que le candidat désigné soit Sarkozy, Juppé, ou un autre.

 

Si les politologues ne se trompent pas, Marine Le Pen devrait obtenir au mieux les suffrages de 7 millions d'électeurs, soit environ le score qu'elle a réalisé en 2012. Ce sera l'objectif du champion de la droite comme de celui de la gauche d'atteindre ou de dépasser 8 millions de voix, ce qui n'est envisageable qu'avec une candidature unique et une bonne mobilisation. Dans cette perspective, Hollande doit espérer être à nouveau opposé à Sarkozy, seul candidat contre lequel il conserverait une petite chance. Mais d'ici là, il faudrait que la situation se soit redressée, et ce n'est pas gagné.

 

Publié dans diabloguiste

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article