La confiance pour les nuls

Publié le par Claude Séné

Vous me connaissez, toujours prêt à rendre service, j’ai décidé de mettre un peu de clarté dans le vote qui doit intervenir aujourd’hui à l’Assemblée nationale, pour vous aider à vous y reconnaitre. Pour être tout à fait franc, je vais vous faire profiter d’une science toute récente que j’ai acquise sur Wikipédia et dont vous pourrez vous prévaloir lors des dîners en ville, si toutefois cela intéresse encore quelqu’un après le vote. Alors voilà : le premier ministre, Manuel Valls en l’occurrence, peut demander la confiance des députés. Il engage sa responsabilité, ce qui l’oblige à démissionner en cas de vote négatif. Jusque-là, vous suivez ? Ce n’est pas bien difficile. Attention, à partir de maintenant ça se corse un peu. Il y a 577 députés, donc on pourrait penser qu’il est nécessaire d’obtenir 289 voix en faveur du premier ministre. Pas du tout. Ce serait trop simple. Les abstentions et les votes nuls ou blancs sont décomptés à part. On ne regarde que les votes dits exprimés. Si bien que la majorité relative suffit. D’où l’appel de Mélenchon à ses ex-camarades socialistes frondeurs, les engageant à voter contre le gouvernement plutôt que de s’abstenir. Un appel pour la forme, puisque les contestataires socialistes veulent marquer le coup, mais ne semblent pas prêts à retourner devant les électeurs en cas de dissolution.

Car le président de la République détient l’arme atomique, même s’il ne souhaite pas l’utiliser : la dissolution de l’Assemblée nationale, qui représenterait une forme de suicide collectif pour le PS, mais qui serait également une épreuve pour la droite qui n’a toujours pas tranché entre ses différentes factions. Il est symptomatique de remarquer que l’opposition n’a pas déposé de motion de censure ni contre le gouvernement Ayrault ni contre celui de Valls. Ah, oui, la censure doit réunir les 289 voix minimum pour être adoptée, autant dire que cela n’arrive presque jamais, à l’exception de 1962 et du gouvernement Pompidou.

Vous l’aurez compris, le vote de confiance relève de la pantomime plus que de la démocratie. Manuel Valls fait semblant de craindre « un accident » pour resserrer les rangs, tout en s’arrogeant le droit de refuser la voix du « traitre » Thévenoud, prérogative imaginaire destinée à frapper les esprits. Malheureusement, la confiance ne se décrète pas, elle se mérite, et il y a du boulot.

Publié dans diabloguiste

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article