Minorités visibles

On s'étonne parfois de ce que les gouvernements ne reflètent pas réellement la diversité de la population, et ne comprennent que peu de ceux que l'on désigne souvent par le terme impropre de minorités visibles dans le jargon politiquement correct. Malgré tout ce que l'on peut penser du gouvernement formé dans la précipitation pour pallier la défection forcée de Montebourg et Hamon, il faut reconnaître que ce type de préoccupation a été respecté. À commencer par la parité homme femme, ce qui semble la moindre des choses mais est encore loin d'être acquise ne serait-ce qu'à l'Assemblée nationale ou au Sénat. Malheureusement, les adversaires politiques de la gauche au pouvoir semblent avoir choisi Najat Valaud-Belkacem comme nouvelle tête de turc après avoir tenté en vain d'obtenir la tête de Christiane Taubira. Avant même sa nomination, la nouvelle ministre de l'éducation nationale était la cible d'une attaque en règle de la part de Christine Boutin, qui jugeait ce choix comme une provocation personnelle. Et depuis les choses n'ont fait qu'empirer avec des insinuations et des rumeurs intolérables, telles que l'apprentissage obligatoire de l'arabe à l'école ou des rapports de séduction avec le président Hollande. Ces attaques ne sont pas nouvelles, mais se sont amplifiées récemment, comme si elles étaient concertées. Que des mouvements d’extrême droite se livrent à des propos sexistes et racistes n'a rien de très étonnant, mais que des élus de la droite dite républicaine se laissent aller à cautionner ces comportements est proprement scandaleux, au point que certains de ses responsables s'en sont émus.

Quel est le point commun entre les deux ministres les plus attaquées ? Ce sont toutes deux des femmes, l'une originaire de l'outremer, l'autre née au Maroc et bénéficiant de la double nationalité. Difficile de ne pas conclure au sexisme et au racisme, surtout eu égard à la violence des attaques dont elles font l'objet. En toute logique, du point de vue des agresseurs, Fleur Pellerin devrait être la suivante sur la liste, puisque femme ministre elle aussi, et ayant des attributions importantes, elle est originaire d'Asie.

Lorsque l'on cherche des femmes pour occuper des fonctions importantes au niveau local, on a souvent du mal à en trouver, et ce n'est pas l'exemple national qui sera de nature à changer cet état de faits. La même remarque vaut pour les candidats « issus de l'immigration ». Il faut avoir le cuir sacrément endurci pour s'exposer de cette façon, et il faut leur tirer son chapeau d'avoir le courage de le faire. Cela compense un peu les mauvais exemples dont on entend toujours parler.